Le 28 septembre rappelle deux évènements majeurs de l’histoire de la Guinée. D’un côté il s’agit du référendum qui a abouti à son indépendance et de l’autre, les massacres au stade du 28 septembre, situé en plein cœur de Conakry. 10 ans après les faits, les victimes continuent à réclamer « justice » et à revivre des souvenirs douloureux le 28 septembre de chaque année.
Le 28 septembre 2009, de nombreux guinéens se rendent au stade du même nom sur appel des leaders de l’opposition. La raison était de demander le départ du capitaine Moussa Dadis Camara, à l’époque président de la junte au pouvoir dans le pays. D’abord l’accès au stade était bloqué par des agents de sécurité. Le colonel Thieboro Camara tente de négocier dans la foulée avec les organisateurs de la mobilisation notamment Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et feu Jean Marie Doré. Le ton monte de part et d’autre. Finalement Thieboro et ses hommes quittent les lieux. En même temps la foule rentre dans le stade avec effervescence en criant des mots hostiles au régime militaire.
Alors que les leaders politiques s’apprêtaient à prendre la parole, des tirs à balles réelles commencent à retentir. Des militaires venaient d’encercler le stade et ouvraient le feu sur tout ce qui bougeait. La panique s’installe et chacun se met à se trouver une issue. Mais le déploiement des militaires était de sorte que nul ne puisse s’échapper. Ils tirent à bout portant sur des manifestants, s’en prennent à des femmes, violent certaines et rouent de coups Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Jean Marie Doré. Bref c’était du carnage.
Plus de 150 personnes sont tuées, de centaines d’autres blessées et portées disparues. Dès lors, la colère des guinéens contre le régime militaire notamment le capitaine Moussa Dadis Camara s’intensifie. Un peu plus tard, il intervient sur des chaînes de radios internationales par rapport aux massacres. Il essaie de faire croire les auteurs sont un groupe d’éléments de l’armée hors contrôle. Mais les guinéens rejettent très rapidement l’argument. Pour eux, il est le seul responsable. Les acclamations qu’il recevait du peuple à chacune de ses sorties publiques prennent fin et laisse place à la haine.
Trois mois plus tard soit le 23 décembre 2009, alors que le capitaine au pouvoir semblait décidé à faire porter toute la responsabilité des massacres du 28 septembre à son garde rapproché Toumba Diakité, ce dernier lui tire dessus dans un camps de Conakry. Moussa Dadis Camara y était pour le convaincre de se présenter devant la commission d’enquête sur les massacres du 28 septembre. Mais il refuse et sa rencontre avec le capitaine vire au bain de sang.
Gravement touché à la tête d’une balle, Moussa Dadis Camara est évacué d’urgence au Maroc pour des soins. Quant à Toumba Diakité, il réussit à échapper à la traque immédiatement lancée contre lui.
En attendant le rétablissement du capitaine, le numéro 2 du CNDD, Conseil National pour la Démocratie et le Développement, prend la relève. D’ailleurs c’est lui continue la transition jusqu’aux élections de 2010.
Dix ans se sont écoulés et il n’y a toujours pas eu de procès sur les tueries du 28 septembre 2009. Pourtant le pouvoir d’Alpha Condé a maintes fois promis de faire la lumière sur ce dossier triste et sombre de l’histoire de la Guinée mais en vain. A quand ce procès tant attendu? La question reste encore posée.
Oury Maci Bah