L’apparition des moto-taxis dans les grandes villes africaines date des années 80 mais s’est considérablement accélérée ces 10 dernières années. Elle résulte de la conjonction de quatre facteurs principaux, à savoir une urbanisation rapide et mal planifiée; l’absence d’investissements de l’Etat dans des services publics et les infrastructures routières qui empêchent notamment le développement de réseaux de transports en commun qui desserviraient de façon efficace et homogène les villes ; la paupérisation des zones urbaines où les services de base ne sont pas présents et le chômage qui a forcé de nombreux jeunes à développer des moyens de subsistance précaires, et ce notamment dans le secteur informel.
En effet, les villes guinéennes sont caractérisées par une urbanisation galopante et non maîtrisée. La capitale Conakry est passée de 32.000 habitants en 1958 à 3 millions d’habitants en 2014. Les communes de Ratoma et Matoto comptent à elles seules 79% de la population de Conakry. De même que N’Zérékoré qui est le chef-lieu de la Guinée forestière compte 300 000 habitants en 2014 (RGPH3, 2014). Cette croissance démographique se fait sans planification en matière d’urbanisme, et donc sans infrastructures adéquates ni les services de transport.
Dans ces conditions, le transport public en moto taxi exercé essentiellement par des jeunes est apparu comme une réponse urbaine à la défaillance du transport public. Les taxi-motards ont acquis à Conakry et dans les régions un statut social et économique complexe et ambigu à la fois auprès des autorités publiques, des autorités locales et de la population en général.
Cette situation les expose à l’instrumentalisation politico-sociale qui s’est accentuée ces dernières années en Guinée pour plusieurs raisons : d’une part, les enjeux d’expérience démocratique. D’autre part, les conducteurs de taxis motos sont jeunes et représentent une large frange de la population en attente d’un avenir socio-économique.
Leur utilisation dans les cortèges politiques engendre beaucoup de violences, qui réduisent la participation de la population aux discussions et actions publiques liées à la politique, notamment les femmes et les filles.
L’analyse des périodes d’instabilités politiques et sociales de ces 10 dernières années révèle que le pic des menaces à la paix en Guinée s’observe pendant les périodes électorales. Cette année, il est prévu la tenue des élections présidentielles, dans un contexte caractérisé par des antagonismes sociopolitiques et un déficit de confiance entre les acteurs.
Les Taxis motards représentent un groupe socioprofessionnel, constitué essentiellement de jeunes, vulnérables à l’instrumentalisation des partis politiques pour faire leurs démonstrations de force qui entraînent généralement des violences. Ces violences entraînent souvent des dégâts matériels importants et des pertes en vie humaine et affectent surtout les activités économiques des populations en générale et des femmes en particulier.
Dans cette perspective, le gouvernement guinéen et les agences des Nations Unies (UNFPA, OIM et PNUD) avec le financement du Fonds des Nations pour la consolidation de la paix PBF ont mis en place « le projet d’Appui à la Réduction de l’instrumentalisation et des violences politico-sociale des jeunes Taxi motards ». Ce projet vise l’atteinte des résultats suivants :
Les violences liées à l’instrumentalisation sociale et politique des jeunes conducteurs de taxi-moto sont réduites avant, pendant et après les échéances électorales de 2020
Les jeunes taxis-motards des zones ciblées deviennent des acteurs et des vecteurs de consolidation de la paix et de renforcement de la cohésion sociale au sein de leurs communautés.
Ainsi, l’une des activités phares inscrite dans le plan de mise en œuvre du projet consiste à la réalisation des sessions de plaidoyer à l’endroit des responsables des partis politiques et les leaders syndicaux des conducteurs de motos taxis par les filles/femmes leaders pour la prise en compte des dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis
Dans cette dynamique, des sessions de plaidoyer en direction des leaders des partis politiques et des leaders syndicaux de moto taxis seront conduites par les filles/ femmes leaders qui ont été identifiées par le projet « femmes leaders communautaires » afin d’amener les acteurs concernés à prendre en compte les dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis dans les violences politiques et sociales.
Ces femmes seront formées sur les techniques de plaidoyer pour mener les activités de plaidoyer dans les 5 communes de Conakry et la commune urbaine de N’zérékoré au courant des mois d’Octobre, Novembre et Décembre 2020 sous le contrôle de l’équipe technique du projet et la partie nationale.
L’objectif visé par les organisateurs, c’est de conduire des sessions de plaidoyer à l’endroit des responsables des partis politiques et des leaders syndicaux par les filles/femmes leaders pour la prise en compte des dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis à N’Zérékoré et Conakry.
Les méthodes utilisées sont entre autres. La méthodologie des sessions de plaidoyer conduites par les femmes leaders sera basée sur une approche participative et inclusive à travers l’implication des différentes parties prenantes concernées dont les femmes leaders des partis politiques, les leaders syndicaux des conducteurs de motos taxis, le ministère de l’action sociale, le ministère de la jeunesse et de l’administration du territoire, l’équipe technique et les partenaires de mise en œuvre.
Le déroulement du processus du plaidoyer sera articulé sur les étapes clés suivantes :
La préparation de l’action : Cette étape consiste à mener les actions suivantes : (i) Elaboration et validation des termes de référence ; (ii) Identification et Prise de contacts avec les filles/femmes leaders et les autres groupes cibles ; (iii) Elaboration du Guide de plaidoyer ; (iv) Tenue d’un atelier de formation des filles /femmes leaders sur le plaidoyer ; (v) la constitution des équipes d’animation et la répartition des tâches.
Dans la phase préparatoire, l’identification des filles /femmes leaders avec le projet moto taxis et l’élaboration d’un guide de plaidoyer constituent les préalables au démarrage du processus du plaidoyer.
Les capacités des filles/femmes leaders seront renforcées sur les techniques de plaidoyer et les messages clés à véhiculer pour leur permettre d’avoir les compétences nécessaires pour conduire les séances de plaidoyer dans les zones cibles du projet.
L’Organisation et Réalisation des sessions de Plaidoyer
1-Etape de Conakry :
Les filles/femmes leaders identifiées seront formées et outillées sur les techniques de plaidoyer ensuite procéderont aux sessions de plaidoyer à travers des causeries éducatives en direction des responsables des partis politiques et des leaders syndicaux des motos taxis dans les cinq (5) communes de Conakry avant la tenue des élections présidentielles pour la prise en compte des dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis.
Les responsables syndicaux de chaque commune seront contactés pour l’identification d’une dizaine de points de regroupements de moto taxis par commune qui seront également ciblés par les femmes leaders pour la conduite des sessions de plaidoyer.
Quatre tables rondes seront réalisées par les filles/femmes leaders avec les radios à l’endroit des responsables politiques et des leaders syndicaux de motos taxis pour la prise en compte des dangers liés à l’instrumentalisation des conducteurs de motos taxis dans les violences politiques et sociales.
Ces tables rondes seront diffusées et rediffusées progressivement pour continuer à décourager l’implication des conducteurs de motos taxis dans les violences politiques et sociales.
Pour la journée de ce lundi, 09 novembre, les femmes leaders ont rencontré les responsables du MND à leur siège à Lambanyi, dans la commune de Fatima. Après plusieurs heures d’échange, ces responsables du parti dirigé par Dr Ousmane Doré ont apprécié l’initiative, avant de s’engager à accompagner les organisatrices.
« C’est un sentiment de satisfaction, comme on vous a dit, nous, nous sommes centristes, sur le plan politique, on est pas dans un extrémiste Violent, on est dans l’orientation de la consolidation de la paix et toute activité qui pourrait consolider le tissu social. C’est pourquoi, nous nous engageons à accompagner ces femmes, afin qu’elles puissent atteindre leur objectif », a dit Djibril Diallo, membre du MND.
Selon les initiatrices, cette action est élargie sur toute l’étendue du territoire de la Guinée avec les différents partis politiques.
Mohamed Kaba
655 326966
