Le conflit en question remonte à une décennie. il oppose le cardinal de Monseigneur Robert Sarah à Emile Savoeda autour du foyer social »Espérance » dont le site se trouve à Sonfonia, un quartier de la commune de Ratoma.
Tout a éclaté dans la matinée du vendredi dernier quand Savoeda, gestionnaire du foyer social situé dans le quartier Sonfonia, s’est vu déguerpi de force par les agents de la sécurité. Depuis son acquisition, le local servait de réinsertion pour des enfants prisonniers catholiques. Son coordinateur a, dans une déclaration à la presse, dénoncé la première autorité de l’église catholique de Conakry en l’accusant d’être à la base de son expulsion. Contrairement à cette version des faits, l’avocat du mis en cause a affirmé que le domaine abritant le foyer « appartient à son client ».
« Depuis des années, l’église catholique investie beaucoup dans les aides sociales à travers l’Organisation Catholique pour la Promotion Humaine(OCPH) dont Gérard Ansou en est le directeur. Donc en 1990, l’église avait compris qu’il fallait apporter de l’assistance aux prisonniers. Et donc l’OCPH a commencé à fréquenter les prisonniers et faire prier les détenus catholiques. C’est à la suite de tout cela que l’archevêque d’alors Monseigneur Robert Sarah, aujourd’hui cardinal, a décidé de ne pas seulement se contenter d’apporter un soutien aux prisonniers à la maison centrale mais de s’intéresser au volet enfance en conflit avec la loi. C’est dans ces circonstances que le site de Sonfonia a été acquis. Des bâtiments ont été construits au nombre de cinq pour recevoir ces prisonniers mineurs pour leur réinsertion sociale », a rappelé maître Faya Gabriel Kamano.
Selon le vice-président de l’ONG avocats sans frontières Guinée, le centre a été inauguré le 07 juillet 2001 par le cardinal Robert Sarah qui l’a mis sous l’autorité de l’OCPH et à son tour, cette organisation a confié la gestion à Emile Savoeda .
« Nous avons compris très tôt que Mr Emile était en train de travailler pour lui en pensant que l’église n’avait aucun contrôle sur les lieux. Il ne répondait pas aux appels, ni n’assistait aux réunions de l’OCPH. Puis, il a continué à réclamer la propriété des lieux sous prétexte qu’ils lui appartiennent. Or, il oublie que les courriers qu’il a adressés à l’archevêque pour lui rendre compte de ses activités pendant les premières années existent. Parmi ces courriers, nous avons le discours qu’il a prononcé le jour de l’inauguration le 07 juillet 2001 qui a été publié dans un journal catholique qu’on appelle ‘’A l’écoute de notre dame de Guinée’’. Le 03 septembre 2013, il a adressé une lettre intitulée ‘’lettre d’information’’ à Monseigneur par laquelle il lui demande de mettre à sa disposition un montant de 12 millions de francs guinéens pour régulariser le titre de propriété parce que les riverains sont en train d’empiéter le domaine et que la SONAPI menace de retirer les lieux à l’église. Savoeda a adressé une lettre à la SONAPI sur instruction de l’archevêque qui date du 21 novembre 2013 dans laquelle il demande à la SONAPI de mettre le titre de propriété au nom de l’archevêque parce qu’il en est le propriétaire. Il oublie que cette lettre existe dans nos archives. Il oublie que les différents chèques qui lui ont été payés existent encore. Et même le titre foncier dont il avait commencé les démarches et finalement lui a été retiré parce qu’il soutirait des montants injustifiés. Ce travail a été finalement confié à une travailleuse du ministère de l’habitat », a ajouté l’avocat.
« Face à ces comportements, une démarche avait été intentée pour négocier son départ des lieux tout en lui cherchant un abri ailleurs. Mais Emile Savoeda n’a jamais obtempéré. Et finalement, des procédures judiciaires ont été engagées contre lui. Donc, le vendredi 15 janvier 2021, l’arrêt de la cour qui a ordonné l’exclusion de Mr Savoeda fut fait », a t-il conclut.
Agnès Damba