La Guinée n’avance pas. Elle tourne en rond, prisonnière d’un cycle infernal où chaque régime reproduit, avec précision, les erreurs de son prédécesseur. Le double scrutin de mars 2020 organisé par Alpha Condé et le référendum du 21 septembre 2025 piloté par le CNRD sont les deux chapitres d’une même histoire : celle d’une démocratie confisquée, où le peuple est tenu à l’écart de son destin.
En 2020, Alpha Condé a imposé un double scrutin boycotté par l’opposition et marqué par des violences meurtrières. Les rues de Conakry et de l’intérieur du pays se sont couvertes de sang, des dizaines de morts sont venus rappeler le prix payé par ceux qui osaient s’opposer à un projet de troisième mandat. La CENI avait publié des chiffres de participation gonflés, mais personne n’était dupe : ce scrutin n’avait aucune crédibilité. Il a ouvert la voie à une crise politique profonde, dont le point final fut le coup d’État du 5 septembre 2021.
Cinq ans plus tard, le CNRD, qui prétendait rompre avec les pratiques du passé, retombe dans les mêmes travers. Le référendum de septembre 2025, présenté comme une « grande consultation populaire », a lui aussi été vidé de son sens par un processus verrouillé, sans véritable débat national, et des chiffres de participation largement contestés. Les incohérences flagrantes dans les résultats officiels ont fini de convaincre que la manipulation a remplacé la transparence.
La comparaison est implacable :
- En 2020, Alpha Condé a utilisé la force et la violence pour imposer son projet.
- En 2025, le CNRD a choisi la ruse des chiffres et la manipulation silencieuse.
Mais le résultat est identique : un référendum sans peuple, une Constitution sans légitimité.
Ces pratiques ne sont pas seulement une faute politique, elles sont une insulte à la mémoire des Guinéens qui ont payé de leur sang la lutte pour la démocratie. Elles rappellent cruellement que dans notre pays, les dirigeants changent, mais les méthodes restent.
Or l’histoire a déjà rendu son verdict : Alpha Condé croyait que ses urnes bourrées et sa Constitution taillée sur mesure le protégeraient. Il a fini balayé par l’armée. Le CNRD semble croire à son tour que des chiffres trafiqués suffiront à lui donner une légitimité. Mais aucun pouvoir ne survit durablement en bâtissant ses fondations sur le mensonge.
Mohamed Lamine Touré
