À un peu plus de deux mois de la présidentielle prévue le 28 décembre prochain, l’ancien député et leader du parti Alliance Guinée Nouvelle (AGN), Dr Ben Youssouf Keita, vient de revoir sa stratégie électorale. Initialement pressenti comme candidat indépendant, il annonce désormais qu’il renonce à cette option, dénonçant un cadre électoral qu’il juge “verrouillé” et défavorable à une véritable compétition démocratique.
Le médecin et homme politique dénonce le non respect de l’article 341 du nouveau Code électoral, qui stipule que les présidents des délégations spéciales désignés par les autorités sont habilités à parrainer les candidatures indépendantes ou les partis politiques.
« Oui, ce n’est pas sorcier, c’est une des deux possibilités de candidature. Si la candidature indépendante est compromise, il n’y a que la candidature à partir des partis politiques », explique Dr Keita.
Pour lui, cette exigence revient à donner le contrôle du jeu électoral à une seule partie, limitant la pluralité des candidatures. Malgré cette impasse, il ne jette pas l’éponge. Il annonce plutôt “un plan B” : tenter de se présenter à travers un parti politique ou une coalition déjà reconnue par les autorités.
« Le défi reste maintenant de trouver un parti politique qui soit dans les règles, accepté de compétir pour nous porter comme candidat », précise-t-il.
Outre le verrou juridique, Dr Ben Youssouf Keita déplore également le montant de la caution présidentielle, fixé à 900 millions de francs guinéens. Un seuil qu’il juge déconnecté du pouvoir d’achat moyen des Guinéens.
« Quand vous voyez la bourse du Guinéen, le niveau de vie du Guinéen… vous comprendrez que 900 millions de francs guinéens, c’est beaucoup », estime-t-il, tout en rappelant avoir plaidé auparavant pour un plafond plus raisonnable de 500 millions.
Selon lui, cette somme constitue un frein supplémentaire pour de nombreux citoyens qualifiés, désireux de contribuer à la vie politique, mais dépourvus de moyens financiers suffisants.
Malgré les obstacles, Dr Keita ne renonce pas à ses ambitions pour la Guinée. Son projet de société s’articule autour de cinq grands piliers qu’il résume avec clarté :
« Il y a d’abord l’agriculture, ensuite la santé, l’éducation, les infrastructures et les logements sociaux, puis le salaire. Viendront après la politique, la culture et la sécurité nationale. »
Pour lui, la priorité absolue demeure la dignité humaine, symbolisée par le droit de chaque Guinéen à manger à sa faim, trois fois par jour, sans dépendance ni humiliation.
Alseny Dine CAMARA.
