Comme plusieurs autres jeunes guinéens, Alpha Ibrahima Bah ne vit plus à Conakry, ni même en Guinée. Affirmant avoir été arrêté et malmené plusieurs fois par les forces de l’ordre, pour participation à différentes manifestations de rue et son militantisme au sein de l’UFDG, parti farouchement opposé au régime d’Alpha Condé, le jeune guinéen, marié et père de deux enfants, est actuellement en France. Sa famille était sans nouvelles de lui depuis très longtemps. Alors que tout espoir de le retrouver était perdu, il vient de faire parler de lui. Dans la matinée de ce 20 janvier 2018, il a contacté un de nos reporters via WhatsApp. Il en a profité pour relater le calvaire qui l’a poussé à fuir son propre pays.
Alpha Ibrahima Bah s’est lancé en politique dans l’espoir d’aider à l’instauration de la démocratie en Guinée. Mais ce choix lui a été coûte cher par la suite. Du 18 octobre 2015 à sa fuite du pays pour l’étranger par voie clandestine, sa vie a été infernale.
« Après la campagne électorale pour la présidentielle, nous avons décidé de réserver un accueil chaleureux à notre président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo sur l’autoroute Fidel Castro. En tant que militant, j’ai mobilisé jeunes et femmes pour répondre à l’accueil et réitérer notre soutien à l’UFDG pour une victoire écrasante à la présidentielle prévue le 11 octobre 2015. Après plusieurs heures d’attente, sous une pluie à l’aéroport Gbessia, Cellou arrive enfin et on commence à marcher vers le palais du peuple. A notre arrivée à la casse de Madina, un des fiefs du RPG, les loubards épaulés par les forces de l’ordre, ont barré la route pour empêcher notre cortège de passer. Après quelques échauffourées, les forces de l’ordre ont tiré des gaz et balles réelles et arrêté plusieurs personnes y compris moi. J’ai été attrapé par un groupe de gendarmes qui m’ont terrassé, frappé, ligoté et jeté dans un pick-up et conduit à la gendarmerie de Matam, où j’ai passé deux semaines avant d’être libéré moyennant une somme de 2 millions de francs guinéens », a-t-il relaté.
En 2016, soit un an plus tard, a-t-il poursuivi, il a été arrêté de nouveau. Cette fois c’était à la suite d’une marche de l’opposition républicaine.
« Le 16 août 2016, l’opposition républicaine décidé d’organiser une marche pacifique pour dénoncer la mauvaise gouvernance du régime d’Alpha Condé, l’insécurité et le manque de volonté d’organiser les élections communales et communautaires. Ce jour-là, je suis sorti pour marcher. Tout s’était bien passé à l’aller. Mais comme d’habitude, les forces de l’ordre n’étaient pas contentes de la réussite de la marche. Alors elles ont attendu les militants au niveau du siège du RPG, juste au carrefour concasseur. Quand elles ont vu les gens qui revenaient de la marche, ils ont commencé à jeter des pierres, tirer des balles réelles et procéder à des arrestations. Après quelques minutes de chasse à l’homme, j’ai été interpellé juste devant la station Total et frappé à mort avant d’être conduit à la gendarmerie n°2 de Hamdalaye. J’ai été emprisonné dans une cellule restreinte pendant 48 heures avant d’être transféré à la maison centrale de corontine, dans lacommune de Kaloum où j’ai passé 5 mois de prison. Le 18 janvier 2017, mon oncle a réussi à corrompre l’un des gardes pénitentiaires pour m’extraire de cette cellule. La condition remplie pour cette affaire était de deux volets. Le premier, c’était le paiement d’une somme de 16 millions de francs guinéens et le second, c’était que je quitte le pays une fois sorti de prison », a laissé entendre Alpha Ibrahima Bah.
Ce jeune a quitté la Guinée le 02 février 2017. C’est finalement le 14 janvier 2018 qu’il est arrivé en France. Retourner au bercail n’est pas dans son programme. Il veut plutôt la protection de l’Etat français. Selon lui, il est « toujours menacé de mort et surtout activement recherché » en Guinée.
Oury Maci Bah pour Fatalainfo.com
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