Le ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation a rendu public le lundi dernier, les résultats de l’examen de fin d’études élémentaires, session 2019. Au total, 228.869 candidats dont 98.615 filles étaient inscrits pour affronter l’examen en question.
Suite à une analyse statistique du tableau des dits résultats, un certain nombre de remarques se dégage et, partant de là, je fais quelques recommandations afin de qualifier l’enseignement à la base.
REMARQUES GENERALES :
· Remarque N°1 : Le taux de réussite de cette année (44,46 %) est le plus faible taux de réussite enregistré à l’examen de fin d’études élémentaires depuis 4 ans (54,7 % en 2015 ; 69,0% en 2016 ; 63,14 % en 2017 et 62,21 % en 2018) ;
· Remarque N°2 : Un nombre important de candidates de l’enseignement général n’aurait pas affronté l’examen (30.984/93.006 inscrites à l’enseignement général et 1 496/4 113 à l’enseignement franco-arabe). Ce qui semble stupéfiant c’est que ce nombre est supérieur au nombre total de candidats n’ayant pas composé (19 140). Même constat au niveau de l’enseignement franco-arabe où le nombre de candidates n’ayant pas composé est supérieur au nombre total de candidats n’ayant pas composé (1 496 candidates contre 1 132 candidats au total) ;
· Remarque N°3 : Le taux de réussite des candidates dépasse, malgré tout, le taux de réussite au niveau national (62,52 % Enseignement général et franco-arabe contre 44,46 % sur le plan national), si bien sûr, nous tenions en compte les 652 candidates qui ont été ignorées. Au cas contraire, ce pourcentage serait de 57,65 %. A tous les niveaux, le pourcentage de filles admises est au dessus du taux global au niveau national : 59,17 % contre 44,78 % pour l’enseignement général et 50,44 % contre 40,91 % pour l’enseignement franco-arabe ;
· Remarque N°4 : Nonobstant la chute vertigineuse du taux de réussite à l’examen de fin d’études élémentaires (-17,75 % par rapport à l’an 2018), certaines écoles privées se targuent d’avoir enregistré jusqu’à 100 % de taux d’admission. Si cela est le fruit du travail bien fait, j’en doute très fort, elles sont à féliciter ; si c’est le résultat de la fraude à grande échelle et à ciel ouvert constaté ici et là, ça doit cesser immédiatement car l’avenir de la nation serait en péril. D’ailleurs, ceci serait la preuve palpable des multiples malversations orchestrées par les fondateurs et responsables d’écoles privées que les observateurs ont toujours pointées du doigt ;
· Remarque N°5 : Depuis l’accession du professeur Alpha CONDE au pouvoir, c’est la 4e fois que le taux de réussite à l’examen de fin d’études élémentaires n’atteigne pas 50 % (32,5 % en 2011, 40,3 % en 2012, 43,5 % en 2014 et 44,46 % en 2019) ;
· Remarque N°6 : Le total de candidates admises ne semble pas correct : 36.704 filles admises (Enseignement général) + 2.075 filles admises (Franco-arabe), donnent 38.779 candidates admises ; au lieu de 38.127 soit une différence de 652 candidates admises mais, omises.
RECOMMANDATIONS :
· Recommandation N°1 : Reprendre le calcul des résultats et procéder à une nouvelle correction des copies de certaines écoles, notamment celles dont le taux de réussite est au dessus de 60% et celles qui ont enregistré 0% à l’examen ;
· Recommandation N°2 : Promouvoir l’enseignement préscolaire public sur l’ensemble du territoire national pour atténuer la crise à l’éducation. Ainsi, on pourrait inculquer aux tout-petits, les notions élémentaires en termes de lecture, d’écriture et de calcul ;
· Recommandation N°3 : Supprimer, à moyen terme, l’examen de fin d’études élémentaires. La ligne budgétaire allouée à l’organisation de cet examen pourrait ainsi être réorientée dans la construction et l’équipement d’établissements préscolaires publics, la construction et l’équipement d’établissements scolaires, la rénovation et l’équipement de ceux existants, la formation continue des formateurs ainsi que l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail ;
· Recommandation N°4 : Bien avant la suppression de l’examen du CEE (Certificat d’Etudes Elémentaires), designer les délégués, les surveillants et les correcteurs sur la base de la compétence et de l’intégrité ;
· Recommandation N°5 : Instaurer plus de rigueur dans les évaluations interclasses (internes) et un système d’inspection régulier et rigoureux ;
· Recommandation N°6 : Lutter contre la corruption qui gangrène le système éducatif depuis plusieurs décennies tant bien au public qu’au privé, surtout. En mettant en place, par exemple, un comité national d’éthique et de transparence au cas où il n’en existe pas.
Aboubacar Mandela CAMARA
Sociologue/Enseignant-Chercheur/Consultant en éducation