Depuis plusieurs semaines les maliens exigeaient le départ de leur président IBK. Il a donc fallu attendre le lundi, 18 octobre 2020 pour que ce dernier cède mais à la suite d’un coup d’Etat militaire. Au lendemain de son renversement, chose qui a été pacifiquement opérée, des voix se lèvent un peu partout sur le continent africain pour condamner l’acte.
En Guinée, pays frontalier au Mali, l’un de ceux a avoir déjà réagi est le président du Parti Démocratique Conservateur (PDC).
« Un parti politique est constitué pour conquérir le pouvoir par voie démocratique. Aucun parti politique ne peut encourager un coup d’Etat dans un pays. Mais il y a des présidents en Afrique qui pensent que, une fois au pouvoir ils peuvent conserver le pouvoir et ils peuvent tenir la tête à leur peuple. C’est ce qui est vraiment regrettable. Aucun président ne peut tenir la tête à son peuple, le peuple est souverain. Quand il vous donne le pouvoir, vous devez respecter votre engagement. Si vous ne le faites pas, quand il vous demande, vous devez être en mesure de partir. IBK pouvait sortir par la grande porte mais malheureusement, aujourd’hui il est arrivé ce qui est arrivé. Le plus important est que le peuple Malien a demandé la démission de IBK et aujourd’hui il a démissionné. C’est ça le plus important. Il a rendu sa démission quelle que soit la condition dans laquelle il l’a fait. Je pense qu’on a évité un bain de sang au Mali », a laissé entendre Mohamed Cissé.
Malgré son opposition à la façon dont IBK a été débarqué du pouvoir, il estime qu’il faut tourner la page et appelle les putschistes à une transition civile : « Après ce coup d’État, il faudrait qu’ait un pouvoir civil au Mali, des gens qui vont organiser des élections libres et transparentes pour que le pays revienne dans la démocratie. La mise en place de ce pouvoir civil dépendra de la société civile et du chemin qu’ils veulent suivre. Les militaires ont dit dans leur communiqué qu’il y aurait un pouvoir civil qui va organiser des élections transparentes et crédibles ».
L’interlocuteur a aussi parlé de son pays et de la Côte d’Ivoire. Il conseille à Alpha Condé et Alassane Ouattara d’éviter le même sort que celui du désormais ancien président malien.
« Je ne saurais être dans la tête des militaires guinéens ou ivoiriens, mais ce qui est sûr, les situations se ressemblent et les chefs d’État là devraient prendre conscience de ce qui se passe aujourd’hui au Mali. Chacun de ces présidents-là peut se trouver une porte de sortie honorable. Il n’est pas encore tard. Ouattara peut revenir sur sa parole comme il a fait d’ailleurs. Il avait promis qu’il n’allait pas être candidat, il est revenu sur sa parole pour dire que oui il va se présenter, et aujourd’hui il peut revenir sur la première parole. Ça ne sera pas vraiment une mauvaise chose. Le peuple peut lui accorder une faveur. Alpha Condé, c’est pareil. Heureusement il a juste dit qu’il prend acte. Il a encore le temps. Il peut réfléchir. On dit que le Mali et la Guinée sont deux poumons dans un même corps. Aujourd’hui il y a un poumon qui est touché, le second poumon qui est la Guinée peut éviter le même scénario. Tout dépend de ces deux présidents. Ils doivent ça. S’ils le font, je pense qu’ils peuvent se sauver. Si ce n’est pas le cas, ça peut être vraiment dommage pour les trois pays », ajoute Mohamed Cissé.
Au lieu de condamner ce qui s’est passé au Mali, le leader du PDC pense que la communauté internationale aurait dû se ranger du côté du peuple. Ce qui sous-entend que d’après lui, l’éjection d’IBK des commandes a été bien accueillie par les maliens.
« Il était mieux que la communauté internationale dise à IBK depuis que le peuple a demandé son départ, elle devrait demander à IBK de quitter mais elle ne l’a pas fait. Aujourd’hui, que le peuple fasse son boulot et qu’elle se mette à condamner, je pense que c’est trop tard. Mais elle est habituée. On prend juste des papiers, on condamne et les choses continuent. La communauté internationale et toutes les institutions devraient faire de telle sorte que s’il y a un coup d’État qu’elles se rangent du côté du peuple et non du chef de l’État », conclut-il.
Facinet Camara 620 79 47 14.