Quelques heures après la grâce accordée au Capitaine Moussa Dadis Camara, un des principaux accusés du dossiers des massacre du 28 septembre, la partie civile n’a pas tardée à réagir. Interrogé sur la libération de l’ex President de la transition reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à 20 ans de prison, l’un des avocats de la partie civile a exprimé sa grande « déception » au micro de Guineenews ce samedi 29 mars 2025.
Selon Me Alpha Amadou DS Bah, avocat des victimes, la grâce accordé à l’ancien président du CNDD n’est pas une surprise mais plutot une grosse déception pour la partie civile. « Nous ne nous sommes pas surpris parce que le schéma là, avait déjà été décrit depuis le départ. Et puis, au moment de l’ouverture du procès, on savait qu’à un moment donné, certainement, cette affaire se résoudrait par des grâces. Mais nous sommes quand même déçus. Cela s’est produit deux jours après l’annonce de l’engagement de l’État à prendre en charge les frais d’indemnisation. Donc, nous sommes assez surpris. La grâce suppose quand même une décision définitive de condamnation, ce qui n’est pas le cas à l’espèce. Donc, nous sommes quand même assez déçus de cette situation », a dénoncé, Me DS.
« Un mauvais signal » selon la partie civile
Le Capitaine Moussa Dadis Camara a été gracié 72 heures après l’annonce par l’Etat, de la prise en charge des indemnités. Bien que cette décision soit salutaire, mais la partie civile sollicite que les auteurs des crimes perpétrés au stade du 28 septembre en 2009, répondent de leur actes devant la cour d’appel. « Je pense que le gouvernement tente à travers ses décrets, de contenter non seulement les victimes, mais également ceux qui sont poursuivis dans cette affaire. Et c’est ce qui est régrettable, parce qu’au-delà de l’indemnisation des victimes, il faut que les auteurs de ces crimes-là répondent de leurs actes. Et cette condamnation était un signal fort contre l’impunité. Maintenant, à travers cette grâce, en tout cas c’est une prime pour l’impunité, parce que désormais, la jurisprudence qui avait été obtenue à travers ce jugement va s’effondrer. Et nous savons tous que nous sommes dans un pays où la violation de droits de l’homme est lésion. Donc c’est un mauvais signal, et aussi un camouflet pour notre justice, qui s’était quand même réinventée à travers ce procès ».
Le procès en appel en péril ?
La partie civile n’a plus d’espoir en ce qui concerne l’ouverture du procès en appel. « La grâce du président Dadis est vide en toute les substances de ce procès en appel. Puisque c’est le principal concerné dans cette affaire. Il aurait peut-être fallu attendre que cette cour d’appel se prononce. Mais vraiment, c’est assez complexe. Maintenant, est-ce que cette affaire va être jugée en appel ? Moi, je ne crois plus, puisque je suis presque certain que les autres condamnés vont être grâciés. Et si cela arrivait, en ce moment, le dossier est complètement vidé de sa substance. Donc, il n’y aura plus d’intérêt à ce que cette affaire soit connue en appel », a déploré Me Alpha Amadou DS BAH.
M L Kaba.