En Guinée, des défenseurs des droits humains et des militants sont victimes d’arrestations arbitraires, d’agressions et de persécutions par les militaires au pouvoir, en raison de leurs activités. C’est le cas des membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), fondé en 2019 et visant à la base à protester contre l’amendement ou l’adoption d’une nouvelle constitution permettant à l’ex-président Alpha condé de se présenter pour un 3e mandat présidentiel. Alors qu’on croyait que tous les malheurs de ces acteurs de défense de la démocratie n’étaient qu’un mauvais souvenir, le niveau de persécution, surveillance et intimidation s’accroit quotidiennement malheureusement sous le pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya, l’actuel maître du pays.
La junte au pouvoir ne respecte pas les engagements qu’elle a pris s’agissant de donner la liberté aux défenseurs des droits de l’homme et des militants et les journalistes de mener leurs activités sans avoir à craindre les manœuvres d’intimidation, le harcèlement, les violences, ni les arrestations. Le constat depuis mai 2022 révèle que la Guinée se trouve dans un contexte de tensions générant une forte pression envers les organisations de la société civile, notamment ceux du FNDC. Cette situation affecte leur espace de travail puisque le gouvernement a même évoqué la dissolution du mouvement ainsi que des restrictions imposées sur le droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association dans le pays.
D’ailleurs le 30 juillet 2022, un mandat d’arrêt a été lancé contre l’ensemble des responsables du FNDC, le qualifiant de « groupement de fait ». Les autorités du pays les accusent de participer à des manifestions délictueuses, coups et blessures volontaires, destruction de biens privés et publics et complicité pour tous ces faits précités. Des manœuvres qui avaient commencé depuis le temps du régime défunt et avaient fait un nombre important de prisonniers politiques, ainsi que des exilés. Kéita Louis Tamba est de ceux-là qui ont fui le pays de peur de subir les mauvais traitements infligés aux membres du FNDC. Ce jeune militant qui avec ses pairs de Guéckedou ont lutté farouchement contre le 3e mandat du PRAC, ne se sent plus en sécurité même après le coup d’Etat du 05 Septembre 2021. Joint au téléphone depuis sa cachette (au Mali selon une source proche de lui), il a confié à notre reporter ne plus avoir le courage de vivre dans son pays natal car effrayé par les menaces de sa communauté d’une part qui l’indexe comme un perturbateur en raison de son appartenance au FNDC, d’autres parts par des actes d’intimidations et de persécution envers les défenseurs des droits de l’homme par la junte en place. « Depuis 2019, mes amis et moi luttons pour la démocratie en Guinée. Mais nous vivons aussi dans la peur. Notre coordinateur Saa Emmanuel Tonguino (coordinateur régional FNDC Guéckédou) a été mis aux arrêts et emprisonné à Kankan pendant un an. Les autres amis ont été relâchés après un moment passé à la prison civile. Moi je suis obligé de me cacher tous les jours pour éviter les sévices des dirigeants du pays, alors que nous ne défendons que la démocratie. Doumbouya aussi fait la même chose que son prédécesseur alors qu’il a dit de faire l’amour à la Guinée. Ses hommes nous qualifient de groupement de fait et mettent aux arrêts nos responsables. On nous recherche aussi partout. C’est pour cela que je dois continuer à me cacher », affirme-t-il sur un ton triste.
A la question de savoir jusqu’à quand va-t-il continuer de se cacher, Kéita Louis Tamba dit qu’il préfère rester loin de la Guinée pour préserver sa vie. « Même à Guéckedou chez moi, je ne suis plus la bienvenue », ajoute-t-il.
Il faut rappeler que le FNDC mène ses activités par le biais de manifestions. Il rassemble des associations et organisations de la société civile, des partis politiques et des syndicats. Ses responsables, avec en tête le coordinateur Foniké Menguè, croupissent actuellement à la maison Centrale de Conakry depuis juillet 2022.