Dans la soirée du jeudi, 10 Janvier 2019, le protocole d’accord tant attendu entre le gouvernement et le SLECG a été signé au palais du peuple, après 72 Heures d’attente.
Un protocole d’accord qui permet la reprise effective des cours sur l’ensemble du territoire national. Constitué de 12 points au total, il contient non seulement des acquis mais aussi des limites comme nous le verrons dans les lignes qui suivent.
Parlant des acquis, nous pouvons noter :
-A travers ce protocole d’accord, le gouvernement reconnaît officiellement la présence de milliers d’enseignants fictifs. En plus de la volonté de les dénicher et de faire des économies, il serait judicieux de traquer les cadres véreux, responsables de ces cas de fictifs extrêmement coûteux à l’Etat guinéen ;
-<<La construction des logements sociaux >>, la mise en place d’un <<comité mixte de suivi-évaluation>> du protocole et d’une <<commission de recensement >> sont aussi des acquis probables ;
-Le gouvernement reconnaît, en fin, la non reprise effective des cours et craint une année blanche et/ou une révolte populaire, une pression qui lui poussa d’accepter le versement des économies éventuelles sur le salaire de base ;
-L’implication de nouveaux acteurs dans la facilitation, notamment l’USTG qui fût d’un grand <<appui>> ;
-Le gouvernement craint désormais le soulèvement des travailleurs et, est déterminé à s’inscrire dans une logique de prévention comme le cas des médecins et des magistrats ;
En ce qui concerne les limites, notons :
-9 points sur 12 ne sont que des préalables et non des acquis. Ce sont : les points 1 (dégel exceptionnel des salaires), 3 (rétablissement des enseignants mutés et démis) 4 (engagement des 10 homologues de l’université de Kindia), 5 (virement automatique des salaires après les opérations d’assainissement du fichier), 6 (déblocage des prêts bancaires aux enseignants), 8 (respect des libertés et droits syndicaux), 9 (la poursuite du payement des 40% d’augmentation de salaire), 11 (nul ne sera sanctionné ou poursuivi) et 12 (organisation des cours de rattrapage) ;
-L’intervalle de temps n’est pas déterminé concernant <<l’assainissement du fichier des fonctionnaires enseignants >>;
-Il est très difficile d’obtenir une augmentation salariale dans l’intervalle 2019-2020 (mise en place et opérationnalisation de la commission de recensement et du comité de suivi-évaluation, les élections législatives et présidentielles,…);
-La commission de recensement et le comité de suivi-évaluation sont moins rassurants car ni la société civile, ni le médiateur de la république, ni les partenaires techniques et financiers n’y figureront conformément aux recommandations de l’OCSEG (Observatoire Citoyen du Système Éducatif Guinéen);
-Le Ministre d’Etat, Tibou KAMARA n’a pas signé le protocole d’accord en tant que facilitateur malgré que son nom y figure et Ismaël DIOUBATE, Ministre du Budget, n’y a pas mis de cachet, ce dernier n’a pas également signé en qualité de Ministre.
Aboubacar Mandela CAMARA
Sociologue/ Enseignant-Chercheur/ Consultant en éducation
Activiste, Promoteur et Défenseur du droit à l’éducation